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Marion Tharrey - Projet étendard FoodScapes : "Impact de la participation à un jardin partagé en ville sur l’adoption de style de vie plus durables"

Marion Tharrey a soutenu sa thèse intitulée "Impact de la participation à un jardin partagé en ville sur l’adoption de style de vie plus durables" le 14 décembre 2020 à 14h. Sa thèse sera retransmise en direct sur la chaine YouTube de SupAgro (https://www.youtube.com/channel/UCsZAs3L5-yp53sYf4sZnnFg ).

Réalisée dans le cadre du projet étendard FoodScpaes, et financée par Agropolis Fondation ses travaux de thèse ont été encadrés par Nicole Darmon et Pascale Scheromm. Marion a été accueillie pendant trois ans au sein de l’UMR MOISA (INRAE). Elle est la première doctorante du projet FoodScapes à soutenir sa thèse.

Résumé

Avec plus de 70% de la population européenne vivant en milieu urbain, les villes ont un rôle important à jouer face aux grands enjeux environnementaux et de santé du 21e siècle.
L’urbanisation de la société s’est accompagnée d’une profonde modification de nos modes de vie pour tendre vers des comportements pouvant être néfastes pour la santé (sédentarité, déséquilibres alimentaires, réduction du temps de sommeil, usage abusif de la cigarette et de l’alcool). Une conséquence majeure de ces changements est la hausse des maladies non transmissibles (obésité, maladies cardiovasculaires, cancers, dépression etc.) reconnus aujourd’hui comme des problèmes majeurs de santé publique. Outre la santé des hommes, l’urbanisation croissante a aussi de lourdes conséquences sur l’environnement. Les villes, responsables de près de 70% des émissions globales de gaz à effet de serre, contribuent fortement au réchauffement climatique. Il est donc primordial de trouver des stratégies pour améliorer la santé des individus tout en promouvant une gestion urbaine durable. Cela implique notamment de reconsidérer la place du végétal et de la biodiversité dans les nouveaux projets d’urbanisme pour reconnecter la santé des hommes et des écosystèmes. En effet, de nombreuses études s’accordent à dire que le contact avec la nature contribue au bien-être physique mental et social des individus en favorisant notamment l’activité physique et les relations sociales, en améliorant la qualité de l’air et en réduisant le stress.
Parmi les différentes formes d’espaces verts, les jardins partagés - espaces verts cultivés et animés par les habitants d’un quartier - ont l’avantage d’offrir un accès à des fruits et des légumes frais cultivés selon des pratiques respectueuses de l’environnement.
Ces jardins, qui ont pour vocation initiale de développer des liens sociaux de proximité par le biais d’activités sociales, culturelles ou éducatives, s’inscrivent dans la recherche de systèmes alimentaires plus durables. La littérature scientifique sur les jardins partagés suggère que les jardins auraient de nombreux bienfaits sur la santé et le bien-être des jardiniers en favorisant notamment la consommation de fruits et légumes, l’activité physique, mais aussi le bien-être mental et le lien social.
Néanmoins, les études menées à ce jour ont été principalement réalisées dans contextes Nord-Américains et les résultats restent à confirmer dans un contexte français qui diffère par son histoire sociale, politique et urbaine. De plus, des études utilisant un design longitudinal avec une taille d’échantillon suffisante sont nécessaires pour valider les hypothèses émergentes études qualitatives et transversales, qui dominent encore la littérature scientifique dans ce domaine de recherche.
Les études longitudinales avec groupe témoin sont les seules à pouvoir explorer l’impact causal d’une intervention ou d’une expérimentation naturelle (par exemple un changement dans l’environnement des individus, non induit par la recherche) sur les comportements des individus, y compris leurs comportements de santé. Or, ce type d’étude n’existe pas concernant la participation à un jardin partagé, considéré ici comme une expérimentation naturelle. Si plusieurs études indiquent des comportements plus favorables à la santé chez les participants à un jardin partagé par rapport à des personnes n’y participant pas, on ne peut toujours pas dire si ces comportements favorables sont liés à la fréquentation du jardin ou pré-existaient avant l’entrée au jardin (pouvant même expliquer le choix d’intégrer un jardin partagé).
L’hypothèse de cette thèse est que la participation à un jardin partagé peut induire des changements de perception et de comportements chez les individus, les conduisant à l’adoption de styles de vie plus durables. Pour tester cette hypothèse nous avons développé un protocole d’étude de type quasi-expérimental avec un groupe exposé à l’expérimentation naturelle (des jardiniers entrant dans un jardin partagé) et un groupe témoin, dont nous observons certains éléments de leurs styles de vie à l’entrée dans le jardin et un an après. Nous définissons les styles de vie plus durables par des attitudes ou comportements plus favorables sur trois dimensions de la durabilité, à savoir sociale/santé, environnementale et économique.
Trois outils ont été remis aux participants afin de caractériser leur styles de vie : un carnet des approvisionnements alimentaires du foyer à compléter pendant un mois, un accéléromètre (Actigraph) mesurant l’activité des participants pendant 9 jours et un questionnaire en ligne sur la santé mentale et sociale, la sensibilité aux déchets alimentaires et le lien avec la nature. La durabilité des styles de vie a été mesurée par :
1) la qualité nutritionnelle des approvisionnements alimentaires, l’activité physique, le bien-être mental et le lien social (dimension sociale/santé),
2) l’impact environnemental des approvisionnements alimentaires et déplacements alimentaires associés, la sensibilité au gaspillage alimentaire et la connexion à la nature (dimension environnementale),
3) le dépenses alimentaires du foyer et la part des produits potagers dans les approvisionnements des jardiniers (dimension économique).

En cas d’amélioration des styles de vie uniquement dans le groupe expérimental, ce design permettra d’établir une relation de causalité entre la participation à un jardin partagé et l’adoption de styles de vie plus durables. L’objectif de cette thèse est donc d’explorer l’impact de la participation à un jardin partagé en ville sur l’adoption de styles de vie plus durables dans un contexte français. A l’heure où nombre de villes se penchent sur l’intégration de jardins partagés sur leurs territoires, cette thèse permettra d’apporter des éléments de réponse sur le rôle des jardins partagés comme outil de promotion de styles de vie plus durables.