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24 octobre 2024

Parole aux chercheurs : Pascal Montoro, de l’UMR AGAP, CIRAD nous présente le projet RUBIS : RUbber agroforestry Breeding Initiative for Smallholders

Nom du projet : RUBIS

RUbber agroforestry Breeding Initiative for Smallholders

POUVEZ-VOUS NOUS PRÉSENTER EN QUELQUES MOTS VOTRE PROJET ?

L’expansion des cultures agricoles est un moteur de la déforestation dans certains pays. La conversion des plantations de cultures industrielles monospécifiques en système agroforestier associé à d’autres cultures représente une solution plus durable.
La filière caoutchouc naturel en Indonésie est en crise chronique dû à un faible cours de cette matière première depuis de nombreuses années. Le projet RUBIS a pour objectif de développer des systèmes agroforestiers à base d’hévéas associés à des cultures vivrières afin de répondre aux politiques de souveraineté alimentaire de ce pays et aux enjeux environnementaux (biodiversité, séquestration du carbone) et socio-économiques à travers la diversification des revenus des petits planteurs. Le consortium comprend le CIRAD, l’Institut Indonésien de recherche sur le caoutchouc (IRRI) et l’université Gadjah Mada (UGM). Le projet vise à travers une approche participative à mieux comprendre les besoins des acteurs et les facteurs limitants de la filière, à définir des systèmes de production permettant une meilleure résilience des petits planteurs, et d’initier un programme de sélection participative multidisciplinaire.


QUELS SONT LES PRINCIPAUX RÉSULTATS OBTENUS ?

Suite à l’organisation d’un atelier international sur les systèmes agroforestiers à base d’hévéas et les enquêtes chez les acteurs et les petits planteurs d’hévéa dans trois provinces, un groupe de travail multi-acteurs a été créé comprenant les autorités nationales et provinciales, des associations nationales, des sociétés de plantations et des universités locales en sus de certains membres du consortium. Ce groupe a construit la chaîne de valeur avec ses acteurs, identifié les problèmes de la filière et les solutions à apporter et décrit des paquets techniques adaptatifs. Ces paquets techniques comprennent des nouveaux clones d’hévéa et des variétés de cultures annuelles adaptés à l’agroforesterie, des systèmes permettant la culture associée pendant tout le cycle de production de l’hévéa, des formations, etc. Leur évaluation en station de recherche et chez les petits planteurs vise à identifier les paquets les plus prometteurs pour les futurs programmes gouvernementaux de replantation.

Une revue scientifique a été co-écrite et publiée par des membres du consortium et des chercheurs du Centre de recherche sur les cultures annuelles de l’Agence nationale pour la recherche et l’innovation (BRIN) afin d’une part, de faire un point des travaux sur l’agroforesterie associée aux cultures vivrières, et d’autre part, de définir les grandes orientations de recherche et les applications possibles sur l’hévéa. La mise en place d’un essai hévéa avec quatre variétés de riz adaptées à l’ombrage et l’étude de la santé des sols ont permis aux équipes du projet de mieux appréhender les difficultés liées aux systèmes agroforestiers et de faire des recommandations.


Enfin, une population biparentale d’hévéa a été phénotypée pour différents traits agronomiques, physiologiques, écophysiologiques et technologiques. Cette approche multidisciplinaire a permis de caractériser les différents génotypes de la population qui ont montré une grande variabilité pour l’ensemble des traits. L’application de traitements, systèmes d’exploitation de l’hévéa et de déficit hydrique, sur la population et l’analyse des paramètres physiologiques ont permis une sélection précoce. Cette modification du programme de sélection conventionnel réduit sa durée de 35 à 19 ans. Ces données de phénotypage serviront de données d’apprentissage pour implémenter la sélection génomique avec les individus non phénotypés. Le groupe de travail multi-acteurs a été impliqué dans la sélection des génotypes pour les futurs essais d’évaluation en milieu paysans dans différentes conditions agro-climatiques afin de mieux répondre aux besoins des petits planteurs.

Ce projet a impliqué 20 chercheurs du Cirad, 30 de l’institut de recherche sur le caoutchouc, 8 d’UGM, et 10 étudiants (7 Masters, 3 doctorants : principalement des jeunes chercheurs de l’institut) ayant des bourses du SEARCA ou indonésiennes. Le projet a organisé 258 heures de formation impliquant 13 chercheurs Cirad.

Ce travail donnera lieu à une note d’orientation (policy brief) pour le Directorat général des grandes cultures de plantations du Ministère Indonésien de l’agriculture, et un position paper permettant une diffusion des solutions issues de l’agroforesterie dans les divers pays producteurs. Ces travaux seront aussi valorisés sous forme de publications dont quatre sont déjà publiées, deux autres soumises et trois en préparation.

QUEL IMPACT OU CONTRIBUTION VOTRE PROJET AURA-T-IL SUR LA SOCIÉTÉ ?

La sensibilisation du Directorat général des cultures de plantations en Indonésie aux solutions du projet RUBIS devrait conduire à une nouvelle politique de replantation en faveur de l’agroforesterie à base d’hévéas comme c’est le cas en Thaïlande, premier producteur mondial de caoutchouc naturel. La diversification des revenus dans ces systèmes de culture devrait contribuer à améliorer la productivité par surface de terre et la résilience des petits planteurs face aux contraintes socio-économiques. Associés aux cultures vivrières, ces systèmes de culture devraient limiter la déforestation liée à la production alimentaire et participer à la souveraineté alimentaire de l’Indonésie. Enfin, la culture de l’hévéa protège de l’érosion des sols et l’environnement par sa capacité de séquestration de carbone et de conservation de l’eau et des nutriments. Ces services écosystémiques sur plus de trois millions d’ha d’hévéas contribuent à l’atténuation du changement climatique bénéfique à l’humanité.

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